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Saïka CÉUS, l’écriture comme tremplin

Née le 2 juillet 1990, Saïka CÉUS n’est ni mariée, ni en couple pour le moment. Son époux c’est la liberté. “Liberté de penser, de créer et d’agir pour avoir un impact positif sur ses compatriotes et sur sa génération, en particulier”. Et comme médium, elle a choisi l’écriture.

À travers une rubrique baptisée “Sa je m ban m” lancée sur facebook, elle a confirmé ses talents d’écrivain et « Tifi », son premier roman avec lequel elle a décroché le prestigieux prix Deschamps de la littérature lui garantit une place au soleil parmi les promesses de la littérature haitienne contemporaine.

Tout en continuant à parfaire sa formation académique, Saika continue d’écrire; et comme dans son roman, Tifi, le combat journalier de la femme haitienne reste son sujet de prédilection.

En guise de présentation, elle a répondu à nos questions.

Femme Extra à découvrir : Avez vous des enfants? Si oui, comment avez vous vécu l’expérience d’être maman? Si non, souhaiteriez vous en avoir ?

Saïka: Non je n’en ai pas et je ne tiens pas à en avoir maintenant, dans quelques années, oui. Mais, il me faut le dire, j’aime les enfants, j’aime leur compagnie. Les enfants nous donnent bien plus qu’on leur donne contrairement à ce que l’on pense, ils nous permettent également de puiser en nous l’enfant qui nous habite et qui tient en vie la beauté de notre âme.

FEAD: Quel est le moment qui a le plus marqué votre enfance ou votre jeunesse?

Saïka: La vie est cousue de mille et un moments de joie, de tristesse, de fous rire, de désarroi. Il m’est difficile de choisir une tranche de vie, mais je me souviens de ce moment affreusement inoubliable (lol) où au Collège Coeur Immaculé de Marie lors d’un concours de beauté auquel je participais, j’ai littéralement massacré la chanson « Je t’aime » de Lara Fabian, devant un public qui me huait sans aménité. J’ai tenu jusqu’au bout, la voix vacillante comme une bougie au beau milieu d’une tempête, la tête altière, les oreilles sourdes autant à ma propre voix qu’au huées du public. J’avais envie de pleurer mais j’ai tenu bon, j’ai chanté et à la fin je leur ai dit cela: Vous pensiez que j’allais pleurer? Le public qui me chahutait s’est tu l’espace d’une seconde et puis s’est mis à rire, tout le monde riait et applaudissait en même temps. J’ai finalement eu une belle ovation mais attention, je sais que ce n’était pas pour ma prestation. J’avais 13 ans, je crois.

FEAD: Pouvez-vous nous retracer votre parcours académique et professionnel chronologiquement?

Saïka: J’ai été à Gais Bambins de 1993 à 1996, Ecole Mère Louise de 1996 à 2002, ensuite au Collège Coeur Immaculé de Marie de 2002 à 2009. Je suis diplomée de Christ the King (2010-2013). J’ai été à ANDC pendant une année et j’ai continué cette formation à distance avec sciences po grenobles en France.

FEAD: Quelle est votre plus grande passion et comment vous la vivez?

Saïka: On peut passer toute sa vie sans savoir vraiment, non pas ce que l’on aime, mais ce qui nous passionne. Trouver sa passion et la vivre, c’est cela le véritable grand amour d’une vie; Maurice Sixto, Coupe Kloue, Pablo Picasso, Raphaël Sanzio, Maya Angelou, Shelove Perrin, Victor Hugo l’ont sans doute trouvé. Le véritable amour comme je l’entends ici ce n’est point l’amour que l’on cherche à travers un homme ou une femme, celui qui, comme on aime si bien le dire, nous complète, mais c’est rencontrer sa passion véritable, celle qui rend l’âme indestructible, invincible et immortel à toutes les épreuves de la vie.

FEAD: Dites nous un peu sur la femme entrepreneure que vous êtes?

Saïka: Je ne mérite pas encore ce titre par respect pour tant de femmes qui ont déjà réussi. Ma garderie n’a pas fait long feu, j’ai dû fermer et tout laisser après les deux mois lock. Ce fut très difficile de voir un rêve, que j’ai caressé pendant si longtemps et pour lequel j’ai tant investi, s’écrouler ainsi. Ce fut amer, mais je continue à explorer d’autres pistes pour acquérir une indépendance financière.

FEAD: Quelle est la plus grande leçon que la vie vous a apprise?

Saïka: Il faut toujours créer du temps pour ceux qui nous aiment avant qu’il ne soit trop tard. Il ne faut point prendre pour acquis leur présence dans notre vie.

FEAD: Qui êtes vous aujourd’hui?

Saïka: J’imagine, par ces temps incertains, comme tous les haïtiens, je suis aujourd’hui tout simplement une âme qui parmi tant d’autres; aspire de tout coeur à une Haïti meilleure.

FEAD: Quelle est votre plus belle expérience (personnelle ou professionnelle) dans la vie ? Êtes vous pleinement satisfaite de la personne que vous êtes aujourd’hui?

Saïka: Non je ne peux pas me dire satisfaite; sinon, cela voudrait dire qu’il n’y a rien à améliorer. J’aime la personne que je suis et pour cela je veux qu’elle s’améliore; alors j’ai hâte de rencontrer une meilleure version, de rencontrer celle que je deviendrai dans une, deux ou cinq années et justement pour cela je ne peux pas parler de satisfaction.

FEAD: Quel est votre plus grand rêve?

Saïka: C’est une question qui mériterait d’être abordée dans les moindres détails; car un grand rêve ça se porte fébrilement. C’est un peu comme sa passion. Ca se décrit avec amour et confiance, mais moi, je m’en vais résumer ma réponse. C’est drôle quelques années avant, j’aurais eu mille et une choses à dire mais je pense que de nos jours j’embrasse la question du plus grand rêve avec un regard apaisé et peut-être plus réaliste. Des rêves, j’en ai une liste, je les réaliserai avec l’aide de Dieu j’en suis convaincue, mais mon plus grand rêve c’est de pouvoir un jour me retourner et sourire fièrement à ma vie, mes réalisations, mes efforts, mes échecs, mes réussites en sachant que je n’ai jamais abandonné la personne que je suis, que je ne me suis jamais trahie, que j’ai vécu ma vie selon ma vérité, que je ne me suis pas égarée en chemin en poursuivant mes rêves, en cherchant le succès, la réussite.

FEAD: Un message pour la jeunesse haïtienne, particulièrement les jeunes femmes haïtiennes?

Saïka: Pour ce que ça vaut en ces temps de désarroi, jeunes femmes, assurez-vous chaque jour, de ne point vous soumettre à la dictée de cette société patriarcale et d’être réduite à ne jouer qu’un second rôle dans votre vie. Vous êtes femmes! Vous êtes l’un des deux piliers incontournables de la société, battez-vous dans les détails, livrez bataille à vous-mêmes avant tout pour ensuite éduquer vos filles et surtout vos fils en conséquence.

Celle-ci est la rubrique hebdomadaire “FEMME EXTRAORDINAIRE À DÉCOUVRIR” publiée tous les jeudis sur la page Facebook de l’Association Enfance et Jouvence et le site Koolbae.com pour la découverte ou la redécouverte d’une personnalité féminine Haïtienne qui, au quotidien, œuvre dans différents domaines pour faire bouger le monde.

Entrepreneures, artistes, Coachs de motivation, Femmes politiques…nombreuses sont-elles à contribuer activement à l’évolution de la femme dans la société.

Rendre le mérite à toutes les Femmes Haïtiennes à travers cette rubrique pour leur positivité, leur courage telle est notre devise!

Mardochée BIJOUX
Présidente Fondatrice
Association Enfance et Jouvence
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